Logistique urbaine - éviter le « Far West »
La logistique urbaine est de plus en plus mise à mal par l’expansion du trafic de marchandises, notamment par la croissance fulgurante du commerce en ligne. D’une part, l’urbanisation et, par conséquent, le nombre de personnes, de véhicules, de flux de marchandises, de déchets et de recyclage, etc. augmentent. D’autre part, le changement climatique exerce une pression croissante en faveur d’une gestion durable. Par conséquent, la logistique urbaine s’intéresse aux idées et aux concepts visant à organiser un approvisionnement des métropoles et des villes qui soit compatible avec la ville, efficace et respectueux de l’environnement.
Vaste champ et tâches complexes
De manière générale, le champ est très vaste et s’étend notamment de la mobilité électrique, de la logistique silencieuse aux systèmes de transport par câble, en passant par l’Hyperloop et la livraison par drone (1). Il faut trouver de nouvelles voies pour la circulation des marchandises de demain afin de relever les défis posés. Il s’agit d’ouvrir de nouvelles dimensions spatio-temporelles, au sens propre du terme. Le trafic de marchandises peut être déplacé dans l’espace aérien ainsi que sous terre et peut en outre être désorganisé par l’exploitation de la période nocturne pour la livraison de marchandises sur le dernier kilomètre au moyen d’une logistique silencieuse. Le domaine d’activité, les exigences et les solutions correspondantes sont très complexes.
Optimisation de la logistique
Notice: Vue d’ensemble « Logistique urbaine »
Notre notice « Vue d’ensemble de la logistique urbaine » fournit des exemples et donne un bon aperçu des tendances de développement.
Quatre scénarios de développement pour la logistique urbaine
La logistique urbaine se caractérise en premier lieu par les quatre tendances principales que sont l’urbanisation, le commerce électronique, la livraison rapide et individuelle souhaitée, ainsi que l’exigence de livraisons flexibles et à petite échelle dans le commerce de détail. Il en résulte d’énormes défis pour la logistique des villes et, bien sûr, pour les habitants. Les nuisances routières et sonores, la pollution, le réchauffement des villes sont autant de problèmes que les nouveaux concepts et idées de la logistique urbaine doivent prendre en compte et résoudre. Le cabinet de conseil Roland Berger a réalisé et publié à ce sujet l’étude « Urbane Logistik 2030 in Deutschland » (2018) (2). La question est de savoir comment les villes peuvent organiser la logistique urbaine de manière durable et quels sont les groupes d’intérêt (ville, logisticiens, commerçants et citoyens) qui jouent un rôle de premier plan dans ce domaine. Quelle sera l’ampleur de la coordination entre le secteur privé et l’État dans ce contexte ? Le cabinet de conseil n’arrive pas à une conclusion simple, mais présente quatre scénarios ; « Far West », « Diversité régulée », « Plateforme urbaine » et « Coexistence des grands ».
Dans le scénario « Far West », l’État n’intervient guère pour réguler le développement et laisse le champ libre aux logisticiens. Des entreprises innovantes proposant de nouveaux concepts logistiques, en particulier sur le dernier kilomètre, se disputent les faveurs du client. Dans le cas de la « diversité régulée », la ville définit et surveille le cadre réglementaire. Parmi les exemples d’interventions de la ville, on peut citer l’introduction d’un péage urbain dynamique pour la gestion des flux économiques, la gestion des parkings et des heures d’entrée réglementées pour les livraisons, les livraisons et les transports. Toutefois, une forte concurrence empêche l’introduction de coopérations et de normes. Dans les deux scénarios suivants, le niveau de coopération dans le système global augmente. Le scénario « plateforme urbaine » décrit une plateforme qui permet de regrouper les flux de marchandises entre les différents fournisseurs et d’optimiser la livraison à l’aide d’entrepôts décentralisés sur le dernier kilomètre. La plateforme peut être gérée par la ville elle-même, par un tiers ou sous la forme d’un partenariat public-privé. La licence d’opérateur est régulièrement réattribuée. L’offre et la demande pour la livraison à partir des entrepôts décentralisés convergent sur la plateforme. L’attribution des mandats de distribution se fait aux entreprises les mieux placées. La « coexistence des grands » donne naissance à un petit nombre de grandes plateformes concurrentes pour la logistique du dernier kilomètre. Ces plateformes peuvent mieux coordonner et regrouper les livraisons et les véhicules en raison du grand nombre d’utilisateurs et du volume élevé de livraisons. Les logisticiens peuvent soit rejoindre l’une des plateformes existantes, soit développer eux-mêmes une plateforme. Ceux qui n’appartiennent pas à l’une de ces plateformes disparaîtront de la ville dans le cadre de la consolidation. La concurrence fera émerger un petit nombre de plateformes économiquement efficaces, qui auront établi différents écosystèmes et normes.
D’une manière générale, toutes les parties prenantes, telles que les entreprises et les villes, devraient travailler pour éviter le scénario du « Far West », car il entraînerait une forte augmentation du trafic en centre-ville et une nouvelle entrave à la fluidité du trafic urbain.
Exemples de solutions dans la logistique urbaine
Livraison sans émissions avec des micro-hubs
La livraison sans émissions existe déjà dans plusieurs villes d’Allemagne. L’entreprise de logistique Dachser veut livrer des colis sans émissions dans au moins onze régions métropolitaines européennes d’ici fin 2022 (3). Il s’agit notamment des villes allemandes de Stuttgart, Fribourg, Munich et Berlin. Dans d’autres régions d’Europe, ce sont par exemple Oslo, Paris et Madrid qui ont été choisies à cet effet. Le système modulaire se compose de transporteurs ou de camions électriques, de vélos-cargos à assistance électrique et de ce que l’on appelle des micro-hubs. Les vélos-cargos peuvent transporter des marchandises de détail, des paquets ou des marchandises palettisées jusqu’à 250 kg sur le dernier kilomètre jusqu’au client. Les camions électriques approvisionnent les micro-hubs (petits entrepôts de transbordement) en marchandises et livrent également des marchandises plus grandes et plus lourdes directement aux clients. Les vélos-cargos sont chargés et sont surtout utilisés dans les zones piétonnes pour la livraison de colis. Dachser veut ainsi contribuer à la protection du climat et au respect de l’objectif des 2 degrés de l’Accord de Paris.
Logistique nocturne silencieuse
Le projet de recherche « Logistique nocturne silencieuse » (GeNaLog) de l’Institut Fraunhofer IML doit permettre à l’avenir de livrer les clients dans les zones résidentielles de manière silencieuse et, de plus, sans émissions, même la nuit, grâce à des véhicules silencieux ou électriques (4). Pour ce faire, le consortium GeNaLog, composé de l’IML, de Rewe, de Doego et de Tedi, mise sur des camions électriques, des planchers de véhicules et des accessoires de chargement optimisés en termes de bruit, ainsi que sur des conducteurs spécialement formés. L’étude a montré que le projet est réalisable sur le plan technologique et que les riverains des zones résidentielles urbaines ne seront pas gênés par la « technologie silencieuse » utilisée. Selon l’IML, le problème se situe principalement du côté de la législation et des procédures d’autorisation. Les concepts innovants ne s’inscrivent pas dans le corset rigide des règlements et des directives.
Smart City Loop
Grâce à un système de canalisations souterraines avec des convoyeurs, les marchandises mais aussi les emballages vides, les emballages de transport et les retours doivent être transportés entre un centre de transport de marchandises (GVZ) en périphérie et des City Hubs en centre-ville (5). Les tubes sont si grands que des palettes norme Europe ou des palettes industrielles peuvent y être transportées de manière entièrement automatique et souterraine sur le convoyeur. Les marchandises doivent être acheminées d’une zone de transport de marchandises située à la périphérie de la ville jusqu’à un centre urbain, en parcourant les derniers kilomètres. Le Shared City Hub servira de toute façon à l’avenir à la livraison rapide sur le dernier kilomètre par divers logisticiens avec des véhicules électriques. Les City Hubs peuvent être construits ou intégrés dans des biens immobiliers existants tels que des parkings ou des grands magasins. Le projet est relativement simple à mettre en œuvre, car la technique correspondante, comme la manutention, existe déjà et fait partie de « l’état de l’art » en matière de logistique. Des systèmes de tuyaux de même taille ont également déjà été construits, par exemple pour le chauffage urbain. Cela a permis d’économiser énormément de temps et d’argent lors du développement du système.
Optimisation de la logistique
Notice: Vue d’ensemble « Logistique urbaine »
Notre notice « Vue d’ensemble de la logistique urbaine » fournit des exemples et donne un bon aperçu des tendances de développement.
Références:
1 Logistique urbaine durable : Concepts contre l’effondrement urbain, Transport Logistic, Salon international de la logistique, de la mobilité, de l’informatique et de la gestion de la chaîne logistique, Messe München GmbH, Lien
2 Urbane Logistik 2030 in Deutschland, Gemeinsam gegen den Wilden Westen, Roland Berger GmbH pour le compte de la Bundesvereinigung Logistik (BVL), octobre 2018, Lien
3 Dachser étend la livraison urbaine zéro émission à onze villes européennes, mai 2021, Dachser SE, Lien
4 Bernsmann Arnd et al., Potenziale einer geräuscharmen Nachtlogistik, Ergebnisse und Handlungsempfehlungen des Forschungsprojekts GeNaLog, Fraunhofer IML, Lien
5 Le chemin vers le dernier kilomètre, le transport de marchandises repensé pour les métropoles, Smart City Loop GmbH, Lien
Bernsmann Arnd, Vastag Alex, Urbane Logistik, Schnell, stadtverträglich und wirtschaftlich, Fraunhofer IML, Huss Verlag, Lien